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HISTOIRE DE CAPBIS

 

    LA MORT DE L’ABBE DE SAUVELADE

 « S’en parle autant coum la mourt de Saubalade »

(On en parle autant que de la mort de l’abbé de Sauvelade dans dictons et proverbes du Béarn de Jean-Désiré « Vastin »  Lespy, réédition 1990, page 55)

 Ce proverbe béarnais venu jusqu’à nous, en dit long de la perception par les béarnais de l’assassinat sauvage de l’Abbé Commendataire de Sauvelade Jacques de Boyer, perpétré le 25 octobre 1663 à Capbis, par seize spadassins à la solde des communautés voisines de Bruges, Asson et Louvie-Juzon.

 Louis XIII attribue l’abbaye cistercienne de Sauvelade à l’abbé Jacques de Boyer, chanoine de Saint Etienne de Toulouse, avec le titre d’Abbé Commendataire de Sauvelade. A cette époque, bien après la Réforme, l’abbaye de Sauvelade est en ruines (incendiée en 1569) et ne dispose que de quelques terres cultivables, d’une grange, d’un moulin et de quelques possessions dans la contrée, dont la  « grange de Capbis »

 Issu d’une famille de la noblesse toulousaine, Jacques de Boyer est un clerc séculier réaliste. En 1651, il choisit de résider dans la « grange de Capbis », entreprend d’en restaurer les droits et d’en valoriser le terroir qui est alors sous la coupe des communautés voisines de Bruges, Asson et Louvie. Celles-ci y pratiquent sans entrave leurs activités pastorales sur les « herms », ces terres communes dont l’utilisation est régie par un droit coutumier souvent remis en question par les uns et les autres dans des querelles séculaires.

 Jacques de Boyer obtient en 1658 la reconnaissance des droits de l’abbaye sur 380 hectares et lance un programme de mise en valeur agricole du terroir de Capbis. Il installe des colons et fait défricher les « herms », clôturer les parcelles cultivées, creuser des fossés... Jacques de Boyer devient le perturbateur du fragile équilibre établi depuis la Réforme après l’usurpation des biens de la grange de Capbis par les communautés voisines.

De vives tensions entre les communautés voisines et l’abbé Jacques de Boyer génèrent alors une escalade de requêtes, suivies d’arrêts en 1662 et 1663, de condamnations et d’amendes.

 Le 25 octobre 1663, Jacques Boyer est assassiné avec une rare sauvagerie.

« Les seize assassins, huit du village d’Asson, quatre de Bruges, deux de Louvie-Juzon et deux du Lavedan avaient scellé leur pacte dans une grotte de la montagne proche, au Plaa d’Izou ; « ils s’en allèrent dans une grotte d’une montagne voisine, armés de toutes armes, de tail et à feu. Ils firent la débauche pendant toute la journée, ayant porté quantité de vin et de viandes ». Le 25, avant que la nuit ne soit tombée, les conjurés se présentèrent à la grange ; le petit laquais de l’abbé Boyer, qui s’apprêtait à fermer la porte, fut assommé. L’abbé, blessé à mort de plusieurs coups de fusil et de hache, les meurtriers se retournèrent contre son aumônier qui était accouru au bruit de la fusillade. Après avoir pillé la maison, les seize emportèrent le linge, la vaisselle et le vin qu’ils burent, en ultime libation, auprès de l’Oueil du Béez, la source du ruisseau de Capbis »

Ce court extrait de l’essai de Christian Desplat sur « Le Crime des Seize » (1) montre bien que « la Mourt  de l’abbé de Sauvelade » fut un homicide prémédité et préparé selon un véritable rituel.

Alors que les seize assassins  ne prenaient guère de précautions pour se cacher, par inconscience ou fort sentiment d’impunité, l’enquête des magistrats palois fut freinée par le peu de témoignages spontanés et le peu de zèle des autorités locales, les jurats d’Asson, Bruges et Louvie. Les seize assassins prirent tous la fuite et se réfugièrent en Espagne dès qu’ils se sentirent en danger par la progression de l’enquête.

 Seul, Joandet de Larreu, fut capturé par un chasseur de prime à la suite de l’intervention de la famille de l’abbé Boyer qui avait bien mesuré l’inefficacité et le peu de zèle des autorités béarnaises. Joandet de Larreu, considéré comme le chef de la bande, fut exécuté, rompu vif sur une roue à Capbis le 24 mars 1664. Les quinze autres assassins et quatre complices « défaillants » furent condamnés à mort le 31 mai 1664. Tous en fuite, la sentence ne fut jamais exécutée.

Neuf autres conjurés furent incarcérés, condamnés à de lourdes amendes, bannis du royaume. Les jurats des trois communautés d’Asson, de Bruges et de Louvie furent condamnés à édifier une chapelle avec logement pour deux religieux et à régler 400 livres, à perpétuité et par an, pour la subsistance des chapelains. Ces peines ne furent qu’en partie  exécutées grâce à l’action postérieure des communautés auprès de la Cour.

 Après la mort de l’abbé Jacques de Boyer, Capbis fut interdit, la maison de l’abbé et les bâtiments d’exploitation abandonnés. Les communautés pastorales  avaient, en apparence, mis un terme à la colonisation des « herms » de Capbis.

 Les successeurs de Jacques de Boyer se gardèrent bien de venir séjourner à Capbis mais obtinrent, en 1685, un arrêt de la Cour ordonnant la reconstruction de la « grange » Arrêt qui ne fut jamais respecté… Cependant, Pierre de Seney, l’un des successeurs, obtint en 1723 un arrêt confirmant les droits immémoriaux de l’abbé et des colons de la « grange de Capbis », ce qui eut pour effet d’installer un processus de colonisation agraire aux dépends du pastoralisme sur les « herms ».

Les Cisterciens favorisèrent ensuite la constitution d’une communauté nouvelle. En 1769, on érigea Capbis en paroisse composée d’une trentaine de maisons. Des colons s’installèrent définitivement et défrichèrent les « herms » en profitant d’avantages fiscaux accordés par le Roi.

 De multiples querelles et procès divers eurent encore lieu jusqu’au XXème siècle, entre les différentes communautés, pour le respect des droits d’affouage, de coupe de bois d’œuvre, de pacage, de passage, etc… Quelques anciens de nos villages ont encore gardé en mémoire des histoires de frictions verbales et viriles entre ceux de Bruges, d’Asson Louvie et de Capbis. (2)

Le temps a beaucoup effacé le souvenir de ces affrontements  séculaires mais il arrive encore parfois qu’un débat sur la fréquentation ou l’usage de la montagne toute proche ravive, chez les héritiers des communautés, des velléités de revanche…

 De l’ancienne « grange de Capbis », il ne reste que quelques vieilles pierres et la mémoire tenace d’un dicton :

« S’en parle autant coum la mourt de Saubalade »

 

 

 

Carte des lieux, itinéraire des assassins et maisons des principaux conjurés

 

carte des lieux

 

 

 

La maison Lareu à Arthez d’asson où s’organisa « la mortelle randonnée de la grange de Capbis », ici photographiée en 1910.

maison Lareu

                                                                      

 

L’abbaye de Sauvelade, entre Orthez et Navarrenx, a été reconstruite au  XVIIIème siècle. Elle présente une architecture intéressante en « croix grecque » de type centré. Elle est aujourd’hui, la propriété du l’Etat.

 

Abbaye de Sauvelade

 

 

 Biblio :

  1. « Le Crime des Seize – La « Mourt de l’Abbé de Sauvelade » de Christian Desplat aux éditions Cairn.
  2. Le témoignage oral de J. Crouxet, ancien maire de Capbis.

 Page rédigée par  PierreA -  Mise à jour 26-10-2009 / PA

 

 

 

 


 


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